28.06.2007

Huaraz

Arrivés a Huaraz ce matin. Un dernier coucou de Lima a Margot et Lucile hier soir, qui nous ont encore gatés en sucreries et cadeau surprise :), puis trajet en bus de nuit interrompu quelques kilomètres avant Huaraz a cause d'une manif de profs en colère. Ce qui nous aura finalement permis d'arriver en vélo a Huaraz. Arrivée dans les vapeurs de gasoil des bus et des camions, quand soudain, au détour d'un virage entre deux maisons apparait la première pyramide blanche, suivie d'une deuxième, puis d'une troisième etc. Ici les montagnes sont penchées sur la ville, et du centre ville on doit pouvoir voir plus d'une douzaine de glaciers et autant d'aiguilles pointues, pour la plupart passant la barre des 6000m. Montagnes tellement proches qu'en 1970 une avalanche de terre, de boue, d'eau, de neige et de glace, provoquée par un tremblement de terre va raser la moitié de la ville et tuer plus de 70.000 personnes. Cela se ressent d'ailleurs dans l'urbanisme de Huarash, il ne reste presque plus rien de son passé colonial, et de plus les années 70 ne sont pas réputées pour la beauté des immeubles construits. Au final ça fait un mélange étonnant, avec une ville pas franchement jolie, mais dans un écrin de neige et de glace digne des plus beaux bijoux!
Ici les montagnes me semblent différentes de celles des Alpes, elles me paraissent plus aigues, plus éloignées les unes des autres ce qui augmente la sensation de Pics, de verticalité, les pentes paraissent plus raides et les sommets sont comme aiguisés tant ils ressemblent a des lames. De plus tout est blanc immaculé au dessus d'une certaine hauteur, blancheur qui renforce encore l'impression de hauteur.

Huayhuash
J'avais prévu de venir a Huaraz pour grimper et tater un peu du caillou local, finalement j'ai changé les plans et décidé de me lancer demain matin dans un trek en solo d'une dizaine de jours dans la cordillère Huayhuash (a vos souhaits). Les guides du coin présentent ce trek comme le second plus beau trek de la planète (rien que ça), mais ce qui a fini de me décider de laisser les chaussons au fond du sac, c'est surtout le fait que je me suis aperçu que je pouvais tout a fait partir en solo, sans guide, mules, permis, porteurs etc... Enfin un parc national ou l'on a le droit de se balader sans guide! Cela faisait longtemps que je révais d'un long trek en solitaire en pleine nature, c'est donc l'occasion ou jamais :) Je viens donc de faire mes courses pour 10 jours de bouffe, que cette fois je trimbalerais sur mon dos :( Selon les guides le trek se fait en mode pépère en 10/12 jours, en mode sportif en 8 jours, et en mode commando en 7! On verra, ce sera un bon test de mon état de forme, après toutes ces semaines a pédaler en altitude. Départ demain 5h00am avec un bus qui m'emmène au départ de ce fameux trek Huayhuash (a vos amours), retour prévu jeudi ou vendredi (ou samedi ou plus...?) sur Huaraz.

Donc pas de connection internet possible pendant les 10 prochains jours. Une vraie coupure, back into the wild :)

Pendant ce temps Cristobal va entreprendre le tour de la cordillère blanche en vélo, ça promet d'être sympa aussi... Pour moi, j'ai laissé le vélo chez un réparateur qui va lui faire un lifting complet: changement des freins AR/AV, chgt des pignons et des plateaux, chgt de la chaine, d'une partie du dérailleur... etc. Je lui laisse toute la semaine, histoire de récupérer plus tard un engin un peu près roulant pour les dernières étapes; en gros Quito- Bogota (j'essayerais d'ailleurs d'être a Quito pour le 14 juillet histoire de venir baffrer les petits fours de l'ambassadeur avec ma barbe, mes tshirts troués et mes dreadlocks de rasta blond :), Madrid- Marseille...

Bonne première quinzaine de juillet a tous... et un beso a todos :)

26.06.2007

Time to fly...

J'ai de nouveau un avion a prendre!
Fini les départs sans limites, les échappées sans contraintes, les pauses qui durent sans compter, je suis de nouveau quelque part dans le calendrier... Je viens d'acheter mon billet d'avion retour, Bogota/Madrid sans escale, départ le 10 aout a 18h00pm avec Air Comet.

Cela me laisse encore quelques belles semaines a pédaler entre le Pérou, l'Equateur et la Colombie, entre le Pacifique et l'Atlantique, entre le désert de la cote ouest, les volcans enneigés de la cordillere centrale, la jungle amazonienne et les plages de rêve des Caraibes. Tout un condensé d'Amérique latine!
Avec la Colombie, Cartagena, et la cote Atlantique la boucle sera bouclée; je serais a quelques kilometres de mon point de départ sur ce continent, la ville de Mérida, coté Venezuela. Fin d'une boucle, fin d'un cycle, fin d'un tour a vélo d'Amérique latine. Un petit tour et puis s'en va, comme dirait la chanson. Fin aussi d'une belle histoire, d'une belle tranche de vie dans cette partie du monde que je ne connaissais pas, et qui m'aura tant apporté. Mais bon, pas si vite! il reste encore un peu de chemin a parcourir :)

Retour vers Madrid donc, pour écrire l'épilogue de ce voyage. Retour vers le passé, et deux autres années vécues dans cette capitale du Sud il y a quelques temps déjà... après avoir revisité cette ville familière et quelques amis madrilènes, et histoire "d'atterrir" en douceur et en prennant son temps, je prévois de ré-enfourcher le vélo pour un dernier petit millier de kilomètres, en passant par Riglos, Rodellar, Montserrat, Barcelone, Montpellier, la Camargue, Fos sur Mer, l'Estaque, le vieux port, la corniche, la pointe rouge, le Roy d'Espagne, La Cayole et jusqu'au 23 boulevard du vaisseau!
ou je pourrais enfin ranger mon vieux biclou, manger un bon plateau de fromages et caresser mon chat ;)

Mais bon, trêve de rêveries, la route m'appelle... Départ ce soir avec Cristobal pour Huaraz, la "Chamonix" de ce coin-ci des Andes, haut lieu de l'Andinisme, avec également de nombreuses falaises et big wall équipés pour l'escalade :))) On verra si on trouve moyen de louer une corde et du matos sur place. Puis retour sur la cote Pacifique vers Mancora, pour s'essayer au surf et remontée du littoral en vélo vers la frontière équatorienne, puis dans l'intérieur des terres vers Cuenca, Baños, Cotopaxi et la Colombie...

Bonnes vacances aux estivants, Juilletistes ou aoutiens ;) et merci de vos mails et commentaires que je lis a chaque fois avec émotion, petites passerelles qui tissent une trame sensible entre ce passé d'avant le voyage et ce bientot a remplir de nouvelles aventures et de bons moments a passer ensemble :)

et comme dit Jack Kerouac "tout est bien, toujours, tout est bien"
;)

23.06.2007

L'auberge Limeñienne ;)

Lima... arrivé lundi après 24 heures de bus depuis Cuszco, à travers des routes de montagne nocturnes; passage express par le site des lignes de Nazca. Géoglyphes zoomorphes gigantesques représentant un colibri, un singe ou un astronaute... Lignes mystérieuses tracées dans le sol ultrasec du désert de bord de mer, parfois sur des kilometres de long par les indiens de la ciilisation Nazca. De nombreuses hypothèses courrent sur le pourquoi de ces lignes continues tracées toujours d'un seul tenant, et pour la plupart visibles que du ciel. Réseaux d'irrigation de formes biscornues? rassemblements religieux en longues processions déambulantes sur les kilomètres de lignes? délires cyclopéens d'un prêtre-cacique artiste? messages lancés aux Dieux du Cosmos et a leurs petits représentants verts dans leurs jolies soucoupes ? En tout cas ça avait l'air bien, et les photos sont troublantes, mais ce sera pour une autre fois, n'ayant fait que passer en bus Express dans ces grands champs de poussières littoraux, pas moyen de voir plus que d'immenses tranchées qui partent vers l'horizon de part et d'autre de la panaméricaine.

Sinon, Lima commence plutôt pas trop mal, en grande partie grace a Margot et Lucille qui m'hébergent gracieusement au sein d'une coloc de folie avec entre 12 et 14 colocataires dans une maison sur deux étages et un petit jardin des environs de Lima. Ce soir "chouille" sérieuse dans une autre coloc des environs... visiblement la saison des exams ne semblent pas sur-stresser les étudiants Erasmus ou autre en éxil Péruvien !
Vive les échanges internationaux d'étudiants! une chouette mondialisation en marche (pour une fois...).
Cristobal, le globebiker de La Paz qui était resté en escale un peu plus prolongée a Cuzsco, viens de débarquer pour compléter le squat du flying dog Hostel. En avant donc pour de nouvelles aventures, dans Lima by night.

18.06.2007

Maudit Huevon !

Après le retour sur Cuzsco et une nouvelle fête d'anniv bien arrosée en compagnie de nos nouveaux amis cusqueñas y cusqueños (merci Marisol pour le gateau et la surprise :), j'avise une mamita qui vendait des oeufs durs con papas vers 3heures du mat, et me dis, chouette des protéines. sur les 4 oeufs ingurgités, un était piégé... Je m'en suis rendu compte douloureusement le lendemain matin. Au début, je mis cela sur le compte de la gueule de bois, mais trés vite j'ai pu mesurer l'étendue des dégats. Pendant 24 heures je ne pouvais pas me déplacer sans mon seau, chaque solide ou liquide ingéré ressortait invariablement en un gros geyser verdatre ou jaunatre après quelques minutes. J'ai du encore perdre du poids, si cela est possible. Méfiez vous des oeufs durs ! c'est de véritables bombes. Je crois n'avoir jamais eu de "crise intestinale" aussi aigüe (au début du Brésil peut être).
Après 48heures vécues comme un Zombie gémissant, je vois la fin du tunnel. Les médocs font enfin effet (Motylio contre les vomissements, Arestal contre la diarrhée, Ercyfuril contre les bactéries) et la nourriture (viande grillée et riz blanc) semble enfin rentrer en "Aller simple"...

Du coups je repars! Il est facile d'entrer dans Cuzsco, le nombril du monde (Ombligo del Mundo), mais plus difficile d'en partir! C'est qu'on s'y fait a cette ville, en dehors de l'énorme attraction touristique dont elle fait l'objet, c'est aussi une ville attachante avec pleins de rencontres et un rythme de vie sympathique, pour les voyageurs sans plannings.

Décision a été prise, billet de bus pour Lima est acheté, départ ce soir 20h, arrivé Lima demain vers 13h00. Ensuite l'idée est de remonter vers l'Equateur, avec une pause surf a l'extreme nord du Pérou, une pause escalade vers Cuenca (en Equateur), puis de traverser la Colombie avec une bonne semaine d'escalade autour de Bogota et une dernière étape vers Cartagena (cote Caraïbes) pour retrouver un peu la mer tropicale et ses poissons multicolores. Retour prévu en Europe entre début et mi-Aout (en avion depuis Bogota ou Caracas) puis retour en vélo tranquillou jusque Marseille, Home sweet Home :)

16.06.2007

Macchu Pichu

C'est ZE attraction touristique du Pérou, avec des centaines de milliers de visiteurs chaque année, et des bus entiers de touristes déchargés tous les quart d'heures devant l'entrée du site...
Je m'attendais au pire et on avait deja bien hesiter a boycotter le site pour aller voir d'autres endroits plus reculés et moins visités. Finalement on y va quand mëme, mais a Vélo. On a rejoint le pueblo d'Aguas Calientes (porte d'entrée du site) depuis Cuzco aprés environ 3 jours a pédaler, avec un col a 4300M et une descente vertigineuse jusque 1200M, un bivouac illégal dans le site archéologique de Pisac (magnifique endroit), et des visites aux eaux thermales de la région (vive l'eau chaude naturelle !). On aura appris notamment a pousser un vélo en équilibre sur un rail de chemin de fer pendant 8 kms! Quand on arrive a Aguas Calientes, accessible que a pied ou en train, on est surement les seuls vélos du coin.
Le matin, apres une fete d'anniv bien arrosée, on se leve a l'aube pour pouvoir arriver sur le site avant les hordes de touristes. On monte les marches incas 4 a 4, et on traverse rapidement le site meme du Macchu Pichu pour monter en haut de la "ville haute", Wayna Pichu...
De la haut on fait une pause, et le site nous envahit vraiment. Vertigineux et le premier mot qui viens a l'esprit. Les incas avaient le pied sur, et la tete froide devant le vide. Toutes les perspectives se perdent au fond de la vallée vers la riviére qui parait minuscule en contrebas. Les escaliers sont parfois presque verticaux, et les "apics" omniprésents donnent froid dans le dos...
Je ne regrette plus rien... Ce site est une rencontre. On oublie les milliers de visiteurs, le business touristique, les flashs des appareils et les odeurs de creme solaire, on oublie tout pour marcher, grimper, explorer ce monde nouveau. L'émotion est forte, et ce n'est pas sans une petite pointe de tristesse que l'on quitte ce lieu féerique.
Voila... c'était un chouette cadeau ;)

En ligne 2 nouveaux albums photos qui retrace un moment ardu du périple, le volcan Licancabur (majestueuse pyramide qui marque l'entrée du Lipez), sa laguna verde et la traversée du Sud Lipez.

06.06.2007

Cuzco

arrivés samedi dans la journée a Cuzco après quelques jours a descendre une vallée verdoyante, mais toujours avec un vent de face. On c´est notamment arretés aux eaux thermales de Abra La Raya.

Eaux thermales
Moment unique; a environ 4200 mètres d´altitude avec une pleine lune glaciale, on a passé la soirée en maillot de bain a passer d'un bain a une piscine, avec en dehors de l'eau un froid polaire et un magnifique ciel étoilé de haute montagne. Du coups, repas du soir cuisiné sur le bord de la piscine fumante, avec seulement les bras et la tête qui sortent de l'eau. Pour dormir, on c'est réfugiés dans un des bassins couverts, passant la nuit près du bassin brulant entourés de vapeurs. Bref bivouac de rêve, et réveil en douceur dans une eau a 40/45 degrés en attendant les premiers rayons du soleil. Cool! ces bains étaient utilisés par les Incas quand ils revenaient du lac sacré Titicaca, pour se purifier avant de rejoindre la capitale Cuzco.

Cuzco
Quand on arrive en vélo dans une ville, on perçois vraiment toute la puissance régionale d'une "grande" ville. 20 ou 10 Kms avant on sens déjà les changements dans le paysage, dans la façon de s'habiller des gens, dans les activités. On sens longtemps avant l'attraction orbitaire et concentrique d'un cortex lointain qui influence tous les environs. Cuzco était il y a 500 ans la capitale d'un empire qui faisait plus de 4000kms de long, depuis Santiago du Chili jusqu'au nord de Quito en Equateur et au dela de la frontière Colombienne. Tout le pouvoir était concentré dans cette ville. Plus on s'en approche, plus se multiplient les sites archéologiques, les acqueducs, plus un mètre des montagnes qui ne soit terrassé et cultivé, les couleurs des champs sont de plus en plus variées, et on revois enfin des arbres et du vert, du vrai vert! Les réseaux d'irrigation incas fonctionnent toujours, et avec l'aide d'un climat plus doux, favorisent la culture d'une plus grande variété de tubercules, de fruits et légumes.
La banlieue de Cuzco ressemble assez aux autres banlieues, mais le coeur de ville est bien différent. Les espagnols n'ont pas pu raser cette ville construite avec des blocs de pierres de plusieurs centaines de kilos, polies, sculptées et ajustées au millimètre près sans le moindre ciment, ni joint par des générations de tailleurs de pierre. Les murs incas sont impressionnants, on a parfois l'impression de voir une grande paroi uniforme ou on aurait dessiné ensuite des traits pour faire joli; mais en fait chaque pierre s'emboite parfaitement dans les autres, comme un puzzle géant et cyclopéen, et on ne peut pas faire passer une feuille de papier entre elles. Les murs sont légèrement inclinés vers l'intérieur pour résister aux tremblements de terre, et tous les angles sont arrondis et polis en courbes douces, donnant une impression de rondeur a ces pierres immenses. Les espagnols ont détruits tous les étages supérieurs et gardé les fondations pour y mettre leur propres monuments (cathédrales, palais, couvents etc); et je parierais plus sur la perennité des murs incas que sur celle des constructions postcolombiennes en cas de nouveau gros tremblement de terre... Sinon, Cuzco est évidemment une ville trés, trés touristique avec toute la planète en short qui défile sur sa plaza de Armas et dans ces boutiques d'artisanat "made in jenesaispastropou"; mais on y trouve aussi une ambiance cosmopolite et une vie nocturne sympathique. En fait on rencontre des Péruviens de Lima qui ont fuis la capitale pour s'installer au vert, et pas mal d'occidentaux qui sont passés par la et ont fini par s'y installer vraiment... plus des tuoristes en goguette et des voyageurs en escale (comme nous). Bref, ambiance sympathique et bonnes fêtes.

Coyllority
Petite escapade de 2 jours pour une fête andine aux origines lointaines (bien avant la christianisation de la region) entre 4200 et 5000M. Durant 3 jours, défilent dans cette montagne un échantillon de toutes les tribus, et les villages du Pérou, de la Bolivie et d'ailleurs. L'origine du rite semblant venir d'un grand météorite tombé du ciel par labas dans la neige du début de l'hiver (juin ici!), et ayant provoqué de nombreux miracles. Des milliers d'indiens en tenue traditionnelle chantent, dansent, prient et défilent dans tous les sens, parcourant des dizaines de kilomètres entre lagunes glaciaires, montagnes, vallées pour se retrouver le mardi 5 juin au sanctuaire del señor de Coyllority pour venir toucher la pierre sacrée tombée des étoiles, bien avant que les espagnols ne récupèrent ce rite (et le site) précolombien pour en faire un nouveau chemin de croix du Christ. Du coups c'est un peu la foire a la religion, des croix et des images du Christ partout, avec des indiens cagoulés et déguisés qui viennent demander des faveurs (un camion, de l'argent, des lamas, de l'amour...) au "señor de Coyllority".

Retour cette nuit a Cuzco, pour préparer la prochaine étape: la visite en vélo du Macchu Pichu et de la vallée sacrée...
Le reste du programme reste toujours aussi flou! on verra si Mancho Capaq m'inspirera.

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