31.03.2009

Suite et fin...

Suite et fin de ce mini-voyage de deux mois dans le moyen orient autour de la Méditerranée. De retour à Marseille, finie la chouette insouciance du voyage au long cours, j'amorce la fin d'un grand virage à angle droit qui aura pris trois ans.

Il y a trois ans exactement je demandais à partir en année sabbatique, demande incongrue et qui d'un coups me rangeai dans la catégorie des salariés "suspects", de ceux qui ne cherchent pas à "faire carrière". Les DRH m'ayant d'ailleurs amicalement prévenu, "Guillaume si tu lances cette démarche, tu mets ta carrière en l'air". Le Rubicond était franchi, les navires brulés, la couleur annoncée, finie la carrière... Un an de voyage (cf/blog) et bref retour en septembre 2007 dans ces confortables Open Spaces, espaces feutrés, le salaire mensuel se remet à tomber, retour à la routine, aux embouteillages du matin, la machine à café, la sensation de vide mental devant cet écran de PC portable, impression de perte de sens, les jours et les semaines se remettent à filer comme sable entre les doigts, pas moyen de continuer... On m'offre de recommencer, mais le ressort est cassé.

Le risque est la condition de la liberté, ma décision est prise, je quitte. Décembre 2007 me voilà au chomâge pour une durée maximum de 23 mois. La difficulté est mentale, psychologique, pas financière. On s'aperçois vite, que même si sa vie est bien remplie, si on a des passions et des amis hors du monde du travail, le statut de chomeur est destabilisant. Dans notre société, le travail est un pilier central de notre construction identitaire. Nous nous définissons, nous voyons, nous construisons en grande partie par le "travail" que nous faisons. Il détermine non seulement notre emploi du temps et occupe 80% de notre temps de cerveau eveillé, mais il agit aussi comme un fixateur d'identité, nous donnant une place (un masque) dans la société/le système, définissant notre mode d'interaction avec elle, agissant comme une trame sur laquelle viennent se tisser presque tous les fils de notre vie. Sans travail, on a du mal à savoir qui on est, plus de masque à porter, plus d'étiquette, je n'ai plus vraiment de tribu, on passe dans le monde des limbes, sorte d'étage intermédiaire, de zone de transit ou il ne fait pas bon s'attarder... Je ne m'ennuie pas, ce n'est pas l'inactivité qui pèse vraiment, c'est plus le rôle dans le système qui devient vacant, quel personnage suis-je? Quel rôle jouer? Position d'autant plus étrange que je ne peux même pas répondre à la question "quel type de boulot cherches-tu?". Non seulement je n'en ai pas, mais je ne me projette dans aucun travail! ...

Finalement les choses avancent quand même, je réussis le probatoire pour devenir Brevet d'Etat Escalade en septembre 2008, et suis maintenant cette formation d'un an, formation agréable (grimper !) et intéressante (apprendre à apprendre à grimper). Le virage est bien lancé, je regarde dans le rétro et je ne vois plus de bureaux, plus de cravate, plus de Gemplus, plus de salaires. J'apprends doucement à me re-projeter dans un nouveau "travail" et commence à lever les yeux vers cette nouvelle aventure... Je vais certes gagner moins d'argent, prendraient moins d'avions et de repas d'affaires, ne m'habillerait plus en costume sombre et cravate de couleur, je ne serai plus le cadre de personne, mais je me construit une nouvelle autonomie, gagner du temps, rencontrer d'autres personnes, voyager peut-être, devenir "indépendant" (on dit "indèp" versus "salarié") et gagner un peu sa vie avec une des activités les plus inutiles qui soit: grimper ou faire grimper sur un caillou pour en redescendre juste après... Travailler moins pour vivre plus!

Lancement des opérations prévu pour cet été, avec pour commencer un site web dont je ne connais pas encore le nom; voilà, voilà... Petit texte de retour en arrière pour faire un petit bilan rapide et donner des nouvelles à mes amis, famille et tous mes ex-collègues ;)

Et au fait les lderniers iens photos du voyage...
http://picasaweb.google.fr/gv2012/AntalyaGeyikbayiriFev20...

http://picasaweb.google.fr/gv2012/Syria2009#

http://picasaweb.google.fr/gv2012/JordanieMars2009#

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Commentaires

Trés bien ce petit texte, et trés bonne analyse du statut de chomeur. En tout cas bravo pour le virage extreme, que finalement peu de gens ne prennent, préférant la médiocrité de l'existence et sa rassurante sécurité à la liberté de l'inconnu!

a toute

Elie

Ecrit par : Elie | 01.07.2009

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