18.01.2007

Le plat pays

Vélo
les joies et souffrances de la petite reine... Meme, si a l´heure ou j´ecris je ne sais toujours pas sur quelle fesse m´appuyer pour ne pas avoir l´impression d´etre assis sur des cailloux, meme si mes deux petits doigts ont autant de sensibilite qu´un bout de bois, et que mes jambes ont du mal a grimper 2 marches d´escalier, l´experience est concluante. Je persiste donc et sans extremisme aucun (je m´accorde volontiers des petits tronçons en bus) j´adopte le mode globe rouleur au moins jusqu´a Manaus, et, si je trouve une pirogue qui accepte le velo, plus loin en Bolivie, Perou, Equateur etc...

Libertad
Le premier tronçon mon objectif était une petite ville du nom de Libertad; du coup il y avait des dialogues marrants avec les Llaneros du coin (Llanero: équivalent du gaucho d´Argentine, le Cowboy local): "C´est encore loin la liberté?"; "oulala, c´est pas dit que vous y arriviez aujourd´hui..." ou encore "et vous allez ou comme ça?" "Liberté", "he ben vous avez pas choisi le moyen le plus facile...". En tout cas pour moi cela m´a donne des ailes. Apres la ville Libertad, chemin de terre jusqu´a Dolores la bien nommee, pour finir je me retrouve de nouveau sur une sorte de nationale ou les camions et les bus passent pieds au plancher, a fond sur le klaxon. L´effet aspirant est tel que je me retrouve tout zigzaguant apres chaque passage.

Bivouacs
Pour bivouaquer, tout le monde m´avait mis en garde, attention la nuit c´est dangereux, il te faut trouver un endroit gardé... J´ai essayé la méthode apprise par Elie (on sonne a une maison en demandant de l´eau et un coin sur pour poser la tente) mais sans succes. Les gens me regardent comme un extra-terrestre, non decidemment pour eux un touriste ça ressemble pas du tout a ça! conclusion, j´abandonne et opte pour le plan B, comme Bivouac sauvage. A la nuit tombante, je regarde derriere et devant moi, et brusquement file dans le bush en essayant de laisser le moins de traces possible; ensuite je cherche un endroit pas trop loin de la route (sinon je risque d´empieter sur une propriete), mais pas trop pres de façon a ce que la tente et le velo restent invisibles. Premier bivouac, il est deja tard et je fais tout de nuit sans utiliser la lampe (je prefere etre paranoiaque vivant que autre chose). Les moustiques passent a l´attaque tres vite et je m´engouffre sous la tente et mange a la romaine, allonge sur un coude sur mon isolant des conserves froides a tatons (pas facile de picniquer dans le noir total). La nuit j´entends les bataillons de moustiques rageurs et impuissants qui tournent en cherchant le défaut de la cuirasse, ainsi que des rampants de toutes tailles qui semblent demenager des tas de feuilles mortes a cote de la tente.
Le matin, je vire de l´interieur les araignees et autres bestioles posees sur la toile de la tente avec une bonne pichenette (pour les envoyer le plus loin possible) un bol d´avoine + lait en poudre + eau et c´est reparti pour un tour!

Police
j´aurais passe une dizaine de controle de police ou de l´armee sans me faire arreter, en utilisant la bonne vielle methode du gars un peu bourré qui passe devant un barrage, je regarde droit devant l´air super absorbe, et surtout evite les regards inquisiteurs. En sortant de San Fernando de Apure, un petit gros a moustache ne se laisse pas avoir et flaire le touriste fortuné derriere l´image du clochard roulant que j´affiche. Il me demande sans le moindre humour les papiers du véhicule et si j´ai des dollars... Je raconte mon histoire, que je viens de Merida en Vélo et que je vais au Brésil, que je dors sur le bord de la route et me cuisine ma nourriture et puis accessoirement, quún vélo, meme au Venez, ça n´a pas de papiers. Finalement ça se termine avec 4 ou 5 policiers qui veulent tous savoir a quoi ça sers ça (la pompe a velo) ou ça (changements de vitesse) et je repars avec leur benediction et leurs encouragements. En général les gens sont hyper chaleureux devant le fait de faire ce bout de trip a vélo, ils commencent toujours par me demander si je suis payé cher pour faire ça, si je travaille pour le gouvernement, si j´ai perdu un pari etc... Quand ils comprennent que je fais ça pour mon plaisir, ils me prennent pour un doux dingue, me serre la main avec effusion et me disent bonne chance. Certains me prennent meme en photo avec leur GSM avec eux a coté (l´arroseur arrosé!).

Vent
Le voilier et le Vélo ont en commun autre chose que leur premiere lettre, ils partagent le meme élément le VENT! J´ai découvert la galére énorme que cela représente que d´avancer contre un vent fort, sur du plat chargé comme un mulet surexploité. Je préfere encore une bonne montée. la moyenne passe de 20/25 KMH a moins de 10 KMH et encore en peinant comme un fou, la tete enfoncée sous le guidon pour diminuer la prise au vent; ce qui fait que l´on ne vois plus qu´un petit carré de goudron entre ces genoux au risque de se retrouver dans le fossé ou pire, au milieu de la route. Le vent debout est l´ENNEMI du cycliste.

Sinon, les Llanos c´est plat, plat, plat... ça ressemble a la Camargue mais en 1000 fois plus grand et avec des crocodiles et des anacondas en plus. Ça pullule d´animaux et notamment d´oiseaux (dont certains sont grands comme nous). Pas une marre qui n´ait son lot de crocodiles en train de se faire bronzer la bouche ouverte, eux memes entoure de plein de tortues et d´echassiers blancs, roses, noirs ou rouges. Impossible de les rater, un paradis pour ornithologues. Je me suis meme fait une petite rencontre sympa avec un bon gros serpent (je pense Anaconda) qui devait bien faire les 2/3 metres tout deployes et qui semblait mort roulé en boule au milieu de la route. Pour un serpent mort, il s´est montre remarquablement rapide, et apres une ebauche d´attaque (cou tendu bouche ouverte mais a distance respectable) il a filé dans les broussailles. Niveau photos, c´est pas facile de faire de l´animalier sans zoom. Donc a part quand j´arrive a m´approcher a moins de qqes metres c´est bidon.

Voila qqes reflexions sur ce passage dans le "flat West" du Venez, il y a plein d´autres trucs a dire, mais ça fait deja assez de texte comme ça.

Je dois aller acheter une bouteille de vin pour ce soir, on fait des pates Carbonara :) avec deux touristes suisses rencontrées dans la Posada Don Carlos de Ciudad Bolivar.

Demain je prends le bus pour Maturin-Puerta de Miraflores pour retrouver un autre grimpeur, Luis Roman, pote de Willy, histoire de re'grimper un peu avant le prochain raid a velo vers le Sud et ces tepuys géants.

Commentaires

Très bon tous ces récits!
Je confirme la galère que c'est de rouler face au vent: tu te demandes ce qui t'arrives "merde! où sont passées mes jambes????"
Bonne route et fais gaffe quand même aux camions et aux anacondas!

Ici, l'hiver semblerait enfin pointer le bout de son nez en début de semaine prochaine...

Ecrit par : SpatMan | 19.01.2007

doux dingue .. c'est ça !

Ecrit par : val | 19.01.2007

Pr de bon , tu persistes et signes, quel maso tu fais!!!

Ecrit par : ALex Bretonne | 19.01.2007

a la lecture de ton blog, même partielle, je reconnais bien là le cascadeur, l'aventurier, l'aventureux, arrivant, toujours le premier, a vive allure, en montain bike, au king kong rendez vous ...
on t'attend de pied ferme sur terre, pour une balade aux vaches noires, un ptit flip au stop, une bonne gauffre aux trois canards, voir ma fille qui nait en Mai ...

je t'embrasse my old friend
benjamin
.

Ecrit par : benjamin waintrop | 20.01.2007

Doux dingue.....J'aime bien cette façon gentille qu'ils ont de t'appeler...Je note l'expression !!!!!! Comme diraient nos "amis"...Take Care
Grosse bise
Carole & Didier

Ecrit par : Carole Blanc | 22.01.2007

Ahhh....
Sacré Guillaume... Tu deviens petit à petit mon maître dans tous les domaines du sport que tu n'avais pas conquis jusque là !
Après les toits des calanques, le Mont blanc pour découvrir le ski de rando., la traversée de l'Atlantique pour allonger les bords tirés dans la rade de la Pointe Rouge sur ton 4.20 de loc', les joies du VTT en Amérique du Sud, et le camping en plus, mais sans Dubosc !
Manquerait plus que tu te mettes à la planche pour nous donner une leçon , et même aux Mouss ! Tu pourrais te faire le retour à la rame ?!!
Allez bonne continuation. Et, t'as pensé à la vaseline dans le cuissard pour éviter tous les désagréments (recette d'ex-triathlète !!). La biz...

Ecrit par : Olive | 22.01.2007

Meilleurs voeux mon ami!

Toujours aussi agréable de te lire, et j'ai l'impression que l'Aventure a vraiment commencé depuis que tu as quitté le ZAO...

Ici le temps est toujours au beau fixe et les températures printanières...

Fais gaffe à toi et bonne chance pour la suite de ton trip!!

Ecrit par : gégé | 23.01.2007

bonjour amical de Paris
je lis ce blog avec beuacoup d'intéret
il neige ici ...
bonne route pour toi

Ecrit par : bernard | 25.01.2007

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