24.03.2007

Une Pause...

Oui une petite pause aprés avoir parcouru a pied, en train, en bus, en camion, en bateau, en taxico, en vélo... (me manque que le cheval) je ne sais pas combien de KM depuis mon dernier stop de plusieurs jours (c´était a Porto Velho au Brésil). J´ai un peu l´impression de n´avoir fait que bouger de terminal de bus en bateau, de bateau en vélo etc.

Argentina
Quand on passe la frontière entre la Bolivie et l´Argentine, on passe vraiment un cap. L´Argentine est dans un autre monde que la Bolivie. C´est comme si en descendant vers le Sud, on finissait par repasser au Nord. L´Argentine n´est pas l´Europe, mais on sent définitivement une plus forte proximité. En Bolivie la grande majorité de la population est indienne, descendants directs des incas et autres peuples andins, en Argentine on repasse dans un métissage plus européen, les couleurs de peaux sont également différentes du Brésil, parfois on se croirait qqe part vers le Sud de l´Italie. Les pizzas ont la pate fine, les viandes sont délicieuses et ne sont pas cuites comme des semelles de vieux cuir, les vins ont du bouquet, on donne même du pain avec les plats dans les restaurants ! Aux alentours des grandes villes (SSde Jujuy, Salta), on trouve même, parfois, une sorte de banlieue pavillonnaire, ou résonne le bruit des tondeuses a gazon, avec des vraies pistes cyclables et des couples qui poussent leur poussettes sur le trottoir (jamais vu un bébé en poussette en Bolivie!). A coté, on est toujours en Amérique latine, avec sa pauvreté et des milliers de gens qui luttent chaque jour pour récolter qqes Pesos en cirant des chaussures ou en vendant des bouts de ficelle ou des boites d´allumettes dans la rue. Je reste étonné par l´energie déployée par ces gens pour gagner qqes centavos, tout en gardant le sourire... Mais bon, on change de monde, c´est sur.
Petit mot au passage, et coups de pub pour un livre fascinant que j´ai dévoré pendant la remontée du fleuve Manicoré en Bolivie, pour ceux qui s´intéresse a l´Amérique latine et a son histoire: "Les veines ouvertes de l´Amérique Latine" d´Eduardo Galliano. Depuis que j´ai lu ce livre je ne regarde plus rien de la même façon ici; on comprends mieux les mécanismes qui font qu´un pays qui avait les plus grandes richesses minières ou agricoles ou autres, deviens un des pays les plus pauvre du globe. A lire absolument pour qui veut comprendre un peu mieux ce continent.

Viva la Pampa
Me voila donc le lundi 19 Mars en gare de Villazon en Bolivie devant un pont routier qui sépare les deux pays. La veille une soirée plutôt chargée (avec la compagnie de 3 sympathiques polonaises de Warsaw, et la rencontre surprise de 2 israeliennes que j´avais déja rencontrées a la frontiêre Brésilienne), laisse encore des traces, et c´est le cerveau nébuleux et en manque de sommeil que je vais passer la journée a faire la queue pour passer cette fichue frontière. On sens bien qu´ici c´est un des lieux de passage connu des narcotraffics en tout genre; tous les sacs sont fouillés sans exception, par 2 fonctionnaires pas vraiment pressés malgré les 100 ou 200 touristes qui cuisent lentement au soleil. C´est fichu pour le vélo ce jour la. Première nuit en Argentine sera donc dans un lit, tant mieux j´en avais besoin... J´aurais ainsi eu l´occasion de manger pour la première fois depuis 3 mois une viande un peu près cuite correctement!
Le lendemain j´enfourche mon vélo et commence un des plus beaux trajet de ce voyage... Traverser la pampa semi montagneuse entre La Quiaca et Salta (zone patrimoine de l´humanité, rien que ça!) est comme faire du vélo sur la palette d´un peintre fou qui aurait mélangé toutes les couleurs sur des centaines de Kms, sans aucune continuité. C´est un emerveillement constant, et a chaque canyon, a chaque nouvelle colline, nouvelle courbe, un paysage nouveau apparait dans des teintes et sous des formes différentes. Je ne pensais pas que la terre ou le roc pouvait avoir tant de couleurs! Variété des styles de paysages aussi, on passe d´une Pampa semi désertique (altiplano) plus ou moins plate et remplie de Lamas, avec quelques petites pyramides toutes blanches a l´horizon (La cordillère n´est pas loin), a des canyons engorgés aux couleurs fauves et aux rios secs, pour terminer vers Salta dans un jungle luxuriante entre des grosses collines escarpées... (Si avec ça l´office du tourisme de l´Argentine nord ne m´embauche pas, je ne sais plus quoi faire ;)
C´est ZE place pour faire du vélo! et je suis encore une fois bien récompensé des efforts d´avant.

Guillermo stupido
Petite surprise d´ailleurs... Je sentais le premier jour que j´avais les jambes lourdes et le souffle court, ça montait pas mal, mais régulièrement et je n´arrétais pas de maudire ma faiblesse que j´attribuais a ma cuite de l´avant veille et au repos forcé dans les longues remontées de fleuve en bateau. La vitesse étais ridicule et je soufflais comme un boeuf pour faire mes 100 kms, quand tout d´un coups "révélation!" je croise un panneau qui dit "Altitude 3800M"... Tout s´explique, en fait n´ayant pas vérifié j´étais persuadé d´être vers les 1000 M a tout casser et sans le savoir mon corps luttait surtout pour s´acclimater. Le panneau marquait un col, après ça descend :)

Aïe les genoux
vers le 3eme jour de vélo je commence a avoir sérieusement mal aux genoux... Stupido comme je suis je continue en espérant que ça passe. Les 4 et 5eme jour sont durs, la souffrance deviens difficile a supporter et j´ai l´impression d´avoir des épingles plantées dans le genou a chaque tour de roue. En plus c´est le moment que choisis le vent du Sud pour se réveiller et je me retrouve a lutter dans des grandes lignes droites avec un vent de + de 50kmh en pleine figure, heureusement la route descends en moyenne. A un moment, assis devant ce fichu vélo je commence a imaginer faire du stop, revendre ce tas de ferraille que je déteste et revenir au bons vieux moteurs qui brulent des trucs fossiles; je me vois revenir en France me faire opérer des genoux, marcher avec des béquilles etc... bref le moral au top. Bon de toute façon je suis au milieu de la pampa et mes timides essais pour lever le pouce devant les rares camions étant infructueux je décide d´aller au moins jusqu´au petit col suivant qui annonce une grande descente, ou je pourrais peut être prendre un bus et arréter de bousiller mes cartillages. Je finis par arriver en haut, après moult zigzags et d´innombrables grimaces ou gueulantes dans le désert contre ce corps si fragile et me lance enfin dans une descente de folie, Ouf! Providence qui aime les benets comme moi, je croise 2 argentins a vélos, voyageurs comme moi, qui souffrent dans la montée que je dévale comme une balle. On s´arrête, on se serre les pognes, on est tout les trois contents de rencontrer d´autres cinglés/mazos a 2 roues. Je leur conte mes petits malheurs et la Fernando a cette phrase géniale "et si tu remontais ta selle?"... Pas con. J´y avais bien pensé, mais mulet comme je suis je préférais passer les kms plutôt que re-régler le vélo. Bref je reçois un cours complet sur la bonne position sur un vélo et les dangers des mauvais réglages (notamment pour les genoux). Merci a Fernando et Pablo pour leurs conseils expérimentés.
Finalement je réussis a tout changer dans ma position et fais redescendre la douleur. La je suis a Salta et après ces 2/3 jours de repos j´ai l´impression que tout redeviens comme avant. Ouf! on ne va pas m´amputer et je vais continuer un peu la Bici...

Salta by night
Je suis bien calé dans le Youth Hostel "terra occulta", je rencontre 3 globe trotteur/teuse a l´heure, de tous les pays, suis rentré hier soir a plus de trois heures du mat après une bonne fiesta, et savoure les plaisirs d´une vraie "night life" (le Venez, l´Amazonie ou la Bolivie étant pas vraiment réputés pour ça). Je fais un peu flamber les pesos, mais aprés une semaine a vivre comme un cromagnon boucannier a chercher les bouts de bois entre les cactus pour faire mon feu, je me dois bien ça :)
Voila, sinon (MFL je te rassure!) le moral est au top, content d´avoir encore franchi qqes étapes dans ce trip et la santé est bonne voire excellente (des mollets en acier !), malgré un bizarre mal de tête ce matin en me levant, mais ça je crois c normal... ;)

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