07.07.2007

Huayhuash !

De retour de ce trek hallucinant...
Quelques reflexions par thème sur ces 7 jours passés entre ciel bleu ou étoilé, glaciers, vertes prairies et lagunes émeraude ou turquoise.

Ranking Numéro Deuze
Alors voila... le trek de Huayhuash (je galère toujours autant pour écrire ce sacré mot Quechua!), est ce que ça vaut cette fameuse deuxième position comme Trek le plus beau du monde après l'Anapurna...? Cette question me rappelle la question que pas mal de gens me posent sur mon voyage: "c'est quoi le plus bel endroit que t'as visité?"... La réponse est en fait évidente pour moi: je ne sais pas! Certains endroits dégagent une telle force, une telle émotion, que c'est comme rencontrer une personne, avec son caractère, ses défauts et ses qualités; impossible de comparer! C'est comme les gens qu'on apprécie vraiment, il n'y a pas de hiérarchie, on les aime, voila tout, pas plus ou moins, juste différemment en fonction de leur personnalité, de la relation que l'on tisse... Des choux et des carottes quoi!
Donc voila, Huayhuash (je vais finir par faire du copier/coller) fera partie des endroits les plus beaux que j'ai vu dans ce voyage... Une rencontre forte, des paysages intenses, et (comme dirait Elie depuis son Pakistan a vélo;) un trek "contemplatif", seul avec ces montagnes, mes rêves, ma tente, mon duvet, mes pates au thon et mon cerveau cogitateur...

El condor pasa
Une petite anecdote sur ce trek... Alors que je marchais entre 4.500 et 5.000m, en solitaire depuis un bon nombre d'heures (malgré le fait que ce trek soit trés touristique, on peux sortir des sentiers battus et ne rencontrer personne, a part qqes vaches, lamas ou moutons pendant un ou plusieurs jours), je venais de passer un col impressionant et était dans un large vallée d'altitude, me dirigeant vers un autre col sans aucune âme qui vive a perte de vue. D'un coup je sens une ombre passer sur moi, et instinctivement je rentre la tête dans les épaules, tel le lapin surpris hors du terrier. Le soleil a été voilé pendant moins d'une seconde, mais cela se ressent trés nettement (d'ailleurs le soir quand il se couche, ou quand un nuage passe devant la température chutte brutalement d'un palier). Je lève les yeux sur un ciel impeccablement bleu (comme a Marseille un jour de Mistral !), rien... Le soleil qui plombe, le ciel bleu et pas un nuage, pas un avion. Je me demande si j'ai révé, c´était peut être juste un frisson... Puis près du soleil et semblant monter a 10.000M au dessus du plus haut sommet (6.700 m Yerupaja) une petite signature noire avec un cou blanc, un point noir minuscule dans le grand bleu. La haut, tout la haut, un condor géant venait de me faire un clin d'oeil de son ombre, comme si il venait de me toucher du bout de son aile :)

évitons les coups de boule!
Autre anecdote qui aurait pu mal tourner (mais ma bonne étoile veille!). La nuit n'allait pas tarder a tomber (en montagne l'expression "tomber" corresponds bien a l'impression que cela donne, surtout niveau températures!), j'avais laissé le sac a dos par terre et cherchais un ruisseau pas trop contaminé par les vaches locales (que l'on trouve parfois en train de brouter tranquille juste sous le nez des glaciers) pour poser un bivouac tranquille. Pas mal fatigué, je n'avais plus le pas trop assuré, et en traversant dans la pénombre de ce début de crépuscule un de ces ruiseaux pierre par pierre, je glisse et fonce tête en avant sur un bon gros rocher anguleux pas vraiment doué pour amortir les chocs (un peu plus dur que le plexus d'un Materazzi); j'ai cru mourrir, tout est devenu trouble, je me suis retrouvé sur le dos, a chougner, crier ma rage et ma douleur a la vallée déserte, les jambes dans la boue, du sang qui dégoulinait sur le visage... pas glop, surtout avec la nuit qui tombe et pas d'autre possibilité d'évacuation que les mules locales. Au bout de quelques minutes, j'ai repris mes esprits, ai vérifié le fonctionnement du cerveau (ça va il marche aussi mal qu'avant;), pas de saignements de nez, a priori pas de traumatismes, je me lave rapidement le visage a l'eau glaciale, prends une photo de controle pour voir l'étendue des dégats sur l'écran de l'appareil. Je touche le front la ou ça saigne, ça fait "cronch" comme de la pate feuilletée. Mmmh mieux vaut ne pas trop appuyer... Je finis par trouver mon petit mirroir de poche, ça a l'air d'aller vu de l'extérieur, mériterait peut être un point, mais je n'ai pas l'âme d'un rambo chirurgien; une compresse stérile et un bandeau autour de la tête et en avant pour monter la tente et préparer le bivouac vaille que vaille... Je n'en reviens pas de m'en tirer a si bon compte, le choc a été super violent, vive la nature et ce crâne si solide!
La nuit a été trés mauvaise et froide, mais le soleil reviens enfin (meilleur ami du trekker en haute montagne:), et tout va mieux... une autre épreuve de passée, je retrouve un grand sourire sur ma gueule de boxeur (une des paupières est a moitié fermée) et en avant pour une belle journée, j'y regarde a deux fois maintenant pour traverser les rivières!

Voila, plein d'autres choses a conter... Notamment la malédiction du sac a dos trop lourd (25, 30kg?) qui dès le premier jour et le premier col, laissera mes épaules sciées, les hanches tuméfiées et le dos en bouillie (mais on s'y fait, le corps est solide!), ou encore la beauté des lagunes vertes ou bleues qui ressemblent parfois a de gigantesques mirroirs creusant encore l'impression de relief en aggrandissant l'espace de leur reflet argenté, ou encore les rencontres humaines sur ces hauts plateaux d'un Domingo de 70 ans ou d'un Aubert de 72ans qui semblent trotter comme des cabris dans ces pentes verticales, ou encore... ou encore...

tant de choses a conter, mais internet ça suffit. Il fait nuit maintenant sur Huaraz, et demain je ré-enfourche mon vélo, direction l'océan pacifique (de nouveau) pour entamer ma remontée vers l'Equateur...

Commentaires

pour le rapport aux grands parents je vais peut être zapper le passage du franchissement du ruisseau .. Content de te savoir en pleine forme stay healfy .. Bises à Mars ; bisous dom

Ecrit par : dom | 07.07.2007

Belle histoire ce Huayhuash et raconté avec une belle plume. Ca m a fait super plaisir de faire La Paz Huaraz en ta compagnie, j ai changé d auberge c est trop WALIKE je suis qu avec des montagnards (et des israeliens) dont deux ecuadorienne de 1m60 qui reviennent d un 6000m coté a mon avis plus que TD a 75ºC en glace... Avec en marche d aproche un sac de 25 kg 60m de cordes ect dans une mauraine de merde... Bref allucinante les nanas et je vais me faire de la montagne avec elles en ecuateur. Elles partent pour le Huascaran cette semaine mais bien sur pas par la voie normal trop facile. Elles m ont proposé d aller avec elles heureusement que mes parents arrivent...lol
Bon bonne route a toi prend ton pied en Colombie et gardela philosophie du WALIKE

Ecrit par : Christophe | 08.07.2007

On va tous se demander si on est dans le camp des choux ou des carottes ;-)

Ecrit par : Gwen | 10.07.2007

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